Lettre d’amour et de démission au Petit Fablab de Paris

En ce dimanche 16 décembre 2018 aura lieu l’assemblé générale du Petit Fablab de Paris.

Ce grand rassemblement nous permettra de mettre en perspective l’histoire passée comme future de notre association et à cette occasion mon mandat de président s’arrêtera prématurément (4 mois à l’avance).
Qu’il soit retenu que je m’en vais de mon propre chef, je n’ai été ni soudoyé, ni menacé, ni séduit, ni kidnappé, ni torturé, ni exploité, ni startuppé et que cette décision vient par amour (vous la sentez la lettre de rupture du style « je t’aime donc je te quitte »).

Mais on ne s’aime pas assez dans ce milieu alors je veux partir en vous disant un peu tout cela.

J’aime le Petit Fablab de Paris, sa petite taille, ses petites machines, sa petite matrice.

J’ai aimé l’accueil qu’il m’a été fait il y a maintenant 4 ans et demi dans cette communauté, la patience qui m’a été accordé alors que j’oscillais entre la méconnaissance et l’orgueil, l’apprentissage qui m’a été donné sur un univers que j’appréhendais à peine.

J’ai apprécié aussi les rencontres multiples avec des personnalités aussi diverses et ponctuelles que :
Les étudiants en master en socio / design / architecture / urbanisme / économie / Startupping / et autres joyeusetés (rayez les mentions inutiles) qui cherchent des questions.
Les inventeurs de poignées de portes qui veulent de l’aide mais pas trop parce que sinon on lui volerait son business.
Les Makers en énergie libre qui ne voient pas que finalement, en fait, ils n’ont qu’à créer un soleil, ça serait plus simple.
Les Artistes aux multiples facettes qui voient leur première LED s’allumer dans leurs yeux.
Les enfants qui regardent leur nom se prendre un coup de laser.
Les passants étranges qui comptent.
Les gens qui ne comprennent, finalement, pas pourquoi ils ont poussé la porte la première fois.
Les gens qui sont venus pour quelque chose, qui l’ont eut et qui sont repartis.
Les gens qui sont venus pour quelque chose, qui l’ont eut et qui sont restés.
Les gens qui sont venus boire, discuter, rire et manger et qui sont restés.
Les grand enfants qui se jouent de tout.
Les petits adultes qui prennent le jeu au sérieux.

Les vieux qui hackent, les jeunes qui bricolent, les uns qui programment, les autres qui regardent, commentent, critiquent…

J’ai aimé apprendre, bidouiller, triturer, expérimenter et j’ai aimé déployer ça.
J’ai aimé transmettre l’exaltation que je pouvais ressentir à contrôler ma première machine, mon premier servomoteur, mon premier bricolage. (mon premier fablab aussi, en fait j’ai eut pas mal de première fois ici!)

J’ai aimé la compassion que vous avez eut en me voyant apprendre à parler en votre nom.
J’ai aimé les débats qui sont nés de mes questions, les questions qui sont nés de nos débats.
J’ai aimé porter notre voix à plus grande échelle, celle du bénévolat, de l’engagement, des emplois (salariés ou nom), de la défense d’autrui, de l’amusement comme nécessité dans notre société, et d’une bonne dose de cynisme comme rempart à la bêtise.
J’ai aimé avoir la force d’envoyer paître ceux qui le méritaient

J’ai aimé découvrir que je servais de moins en moins à quelque chose.
J’ai aimé la communauté qui prenait le contrôle de l’association et qui me soutenait.
J’ai adoré découvrir que ma fonction n’avais plus de sens.

Comment alors continuer à faire communauté.
Je quitte donc la présidence pour que celle-ci arrête d’exister.

Je souhaite qu’à cette assemblé générale soient prises les bonnes décisions car arrivent devant nous les ages sombres.

Mais comme on est bourré d’amour de licornes qui pètent des arc-en-ciels, je nous fais confiance pour tenir debout avec les trolls, les fées, les vices et les petits chatons qui chient des paillettes en chocolat de PLA.

Je reprend donc ma fonction initiale de laborantin au rabais dans un atelier partagé.
On se trouve bientôt à l’apéro.

Bises

Laurent Barnier
Bénévole au Petit Fablab de Paris